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Van
Jun 24, 2005
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Le lac Van Le chateau d'Hosap et la route vers l'Irak: plus que 250km! Annie, Sebastien ... et quelques tapis de plus!
L'Est est vraiment une region peu visitee de la Turquie. A titre d'exemple, Van, notre destination d'aujourd'hui, n'apparait meme pas dans notre Guide bleu, pourtant assez complet. Pour ma part, je souhaitais y aller parce que les images du lac bleu turquoise sur fond de montagnes au sommet de neige eternelle m'avaient seduite.

Pour la premiere fois depuis que nous sommes en Turquie, nous trouvons notre hotel tres facilement en arrivant a Van. Il faut dire qu'entrer dans une ville avec les minuscules cartes du Lonely Planet est un cauchemar. On ne peut se fier au nom des rues parce qu'en Turquie, moins d'une rue sur dix est identifiee! Cela explique d'ailleurs pourquoi demander ou se trouve une rue a un passant n'aura souvent aucun resultat; vaut mieux demander directement le nom du restaurant ou de l'hotel. Si le passant ne sait pas, il demande a son voisin, qui demande a l'epicier, qui demande au boulanger... L'un d'eux finit toujours par savoir.

Nous venons juste de deposer nos valises dans la chambre que le proprietaire de l'hotel vient nous avertir qu'il ferme son hotel une vingtaine de minutes, le temps que toute la famille se rende a la mosquee pour la priere de midi. Nous nous hatons donc de partir avant de rester coinces.

Apres quelques hesitations, nous avons decide d'aller visiter le chateau d'Hosap. Il est situe a soixante kilometres de Van, a 250km la frontiere iraquienne. Nous n'allons pas par la (bien sur); il s'agit donc d'un veritable aller-retour. Vu le prix de l'essence, nous rechignons un peu a en bruler la moindre goutte, c'est ce qui nous faisait hesiter. Mais il s'agit d'un chateau kurde du XVIIe assez bien conserve aux dires de nos guides. Comme nous n'avons rien vu de cette civilisation encore, nous pensons qu'il faut bien faire l'effort d'y aller.

Encore une fois, la route pour s'y rendre a autant d'interet que la visite du site lui-meme. Notre precieuse essence est bien depensee! En particulier, nous croisons un immense reservoir d'eau turquoise creuse au milieu de collines sablonneuses. Magnifique! Nous pouvons assez bien imaginer a quoi ressemble l'Iran (dont nous longeons la frontiere) et le nord de l'Irak. Sebastien hesite a arreter pour prendre une photo. C'est qu'il y a tellement de blindes et de "check-point" sur la route qu'on peut craindre de prendre la mauvaise photo au mauvais endroit... Mais la tentation est trop forte, et il y a quelques individus arretes qui admirent le paysage. Ce doit donc etre permis.

Le chateau d'Hosap, comme la plupart des batiments que nous avons visites en Turquie, est perche tout en haut d'un massif rocheux, dans un site spectaculaire. Les rochers tout autour presentent des teintes de mauve et de vert. Nous faisons l'escalade a pied (et, bien sur, nous sommes seuls; les touristes n'affluent pas ici!) En redescendant pour regagner notre voiture, nous croisons des groupes de civils pourvus de semi-automatiques qui se promenent nonchalemment. Euh... nous ne sommes pas inquiets, mais quand meme.

Sur la route du retour, pour la premiere fois, nous nous faisons arreter a un check point. Un groupe de sept jeunes soldats (tous armes) entourent la voiture. L'un d'eux nous demande nos passeports que nous lui remettons gracieusement. Il demande ensuite a Sebastien quelque chose qui semble etre son permis de conduire (son anglais est minimal)permis... qui est reste dans la valise que nous avons laissee a l'hotel!!! OUPS! Il demande alors les papiers d'immatriculation de la voiture. Nous n'avons aucun souvenir de les avoir jamais eus en notre possession! Nous nous mettons a fouiller partout dans la voiture, sans les trouver. Sebastien essaie d'expliquer que c'est une voiture louee. Le jeune soldat va chercher son superieur. Il commence a faire chaud. Le grade s'approche, demande a Sebastien d'ou nous venons et s'il a un emploi. Une fois etabli que nous ne sommes pas des emigrants illegaux de l'Iran venu chercher du travail en Turquie, il nous laisse repartir. Deux minutes plus tard, nous trouvons les papiers d'immatriculation de la voiture et realisons que Sebastien avait laisse son permis international a l'hotel, mais pas son permis du Quebec. Donc, dans le pire des cas, nous aurions surement pu nous eviter la prison turque digne de "Midnight express"! Blague a part, notre legere panique etait bien plus causee par notre manque d'habitude de passer des controles militaires que par un quelconque sentiment d'etre menaces.

Nous regagnons notre hotel et sortons en ville pour aller voir... des tapis! Faire quelques boutiques reste le meilleur moyen de socialiser en Turquie. Nous parlons donc une heure avec un jeune Kurde (a qui nous n'achetons pas de tapis, une premiere!) Bien sur, la discussion est cette fois politique. Les relations entre les Turcs et les Kurdes n'est pas au beau fixe. En fait, elle a quelques points en commun avec les relations entre le Quebec et le gouvernement federal: les Kurdes ont le sentiment que le gouvernement ne depense pas assez d'argent dans l'Est (ou vivent la majorite des Kurdes). Cela semble juste; les gens semblent plus pauvres ici, les villages sont moins entretenus. Ils reclament aussi le droit d'avoir leurs propres ecoles (ils ne parlent pas la meme langue que les Turcs) et des representants politiques. Les Kurdes se sentent meprises par les Turcs et semblent avoir developpe envers eux une certaine rancoeur. Il faut dire que sous pretexte de controler l'emigration iranienne illegale, le gouvernement deploie probablement ses forces militaires dans l'Est aussi pour garder la main sur les Kurdes, qui ont leur propre armee (PKK) non-terroriste aux dires de nos vendeurs de tapis kurdes. Je dis nos, parce qu'apres avoir quitte le magasin du premier sans rien acheter, nous en avons trouve un autre ou il y avait cette fois ce que nous cherchions: de magnifiques kilims (tapis tres minces munis de trous, tisses specialement pour l'ete). Cette fois, il ne s'agit pas de copies de motifs iraniens (comme les sumak) mais de motifs kurdes, et les kilims sont uniques a la Turquie. Nous nous sommes entendus solonnellement, Sebastien et moi: C'ETAIT NOTRE DERNIERE VISITE DANS UN MAGASIN DE TAPIS!

Detail amusant dont nous n'avions pas parle auparavant: les hommes turcs, de 7 a 77 ans, ont l'habitude de marcher bras dessus, bras dessous. C'est pour eux parfaitement naturel. Ils peuvent parfois etre jusqu'a quatre de large ainsi!

Nous passons beaucoup moins inapercus ici dans l'Est; nous nous faisons devisager, et nous entendons souvent "turizt" dans notre dos. Ce n'est pas inquietant ni desagreable (les Kurdes etant aussi polis que les Turcs, se mettant a quatre pour nous aider a stationner notre voiture correctement). Je dois dire cependant que je fais beaucoup plus sensation ici que dans l'Ouest pour une raison qui m'echappe; les femmes ne sont pas plus voilees ici qu'ailleurs (meme moins qu'a Konya).

Nous ne savons pas trop comment nous utiliserons nos prochaines journees. Plusieurs possibilites s'offrent a nous; j'essaie de convaincre Sebastien de faire une petite journee de plage sur les bords du lac Van, mais je n'ai pas eu trop de succes. Nous verrons bien...

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