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Konya
Jun 15, 2005
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Lac Egirdir Konya - Mosquee ottomane (faut revoir laquelle exactement...) Konya - Ince Minare Medersa 
Nous partons d'Egirdir tôt le matin, après avoir jeté un oeil au lac (très agité, ce qui n'est pas très courant). Nous avons une assez longue route à faire (4hres) à travers une région agricole. Nous nous risquons à prendre une petite route secondaire, qui nous semble mener plus directement à Konya. Cela se révèle un bon choix; la route est très belle. Konya est une ville de un million d'habitants, et sa réputation veut qu'elle soit très conservatrice. Nous pensons nous débrouiller sans carte pour entrer dans la ville, mais il y a des travaux. Les détours turcs ont la particularité d'être incomplets; on suit les indications pendant un certain temps, puis, soudain, plus rien et on devrait savoir où aller maintenant... Par conséquent, nous nous perdons; impossible de trouver une carte de la ville dans les stations service. Nous n'avons que le bout de carte du Lonely Planet pour nous repérer. Le flair fantastique de Sebastien nous tire encore d'affaire! Une fois installés à l'hôtel, il est 13h et nous voulons visiter Konya avant la fermeture des musées. Immédiatement après avoir quitté l'hotel, nous nous faisons acoster par un Turc qui nous fait la conversation et qui se révèle être un vendeur de tapis. Nous le fuyons pour gagner le Mevlana. C'est une ancienne école coranique transformée par Ataturk (celui qui a modernisé la Turquie dans les annees 20, séparant l'État et l'Église) en musée des Derviches Tourneurs. Il s'agit d'une sorte de secte musulmane formée au Moyen-Age. Le musée présente de très belles pièces. En le quittant pour gagner le musée des céramiques, nous nous faisons acoster par un jeune Turc qui offre de nous guider jusque là. En chemin, on passe par sa boutique, où il nous fait entrer, asseoir et où il nous offre un thé.

Et oui, c'était un vendeur de tapis. Mais, tous nos guides le disent: les Turcs sont génétiquement vendeurs de tapis! C'est une activité qu'ils pratiquent depuis des siècles. Ils ont donc peaufiné leur technique. Tout est fait en douceur et en subtilité. On pourrait croire qu'il s'agit de vente à pression, mais ce n'est pas du tout le cas. Il s'agit plutôt d'un art; on tourne autour du pot pendant des heures, et même lorsqu'on sait qu'on ne vendra rien, on profite de l'occasion qui est donnée de discuter de tout et de rien. Ainsi, nous sommes restés 2hres dans la boutique de notre jeune vendeur de tapis, durant lesquelles nous avons parlé de religion, de modernisme, d'économie, avant ET apres que nous lui ayons acheté un tapis. La transaction comme telle n'a duré que quelques minutes!

Pour ma part, j'étais bien résolue à revenir au Canada avec un tapis turc, mais à ma grande surprise, Sebastien s'est révélé beaucoup plus entousiaste que moi en constatant que les prix sont beaucoup plus abordables que ce que l'on pourrait croire. Étant donné son style de magasinage (acheter son linge de l'année en une heure) il était près à acheter immédiatement deux tapis. J'ai réussi à le convaincre de n'en acheter qu'un seul et de nous laisser l'opportunité d'en voir d'autres qui nous plairaient d'avantage ailleurs et plus tard.

Quelques mots à propos du voile islamique. Dans une ville conservatrice comme Konya, il est porté par beaucoup de femmes. Toutefois, on y retrouve le même paradoxe qu'au Québec. Certaines femmes portent un long voile noir qui leur couvre le menton; d'autres portent un mince foulard et une jupe fendue jusqu'à la hanche, et sont maquillées jusqu'aux oreilles... Ils ne savent plus où ils en sont. Notre jeune vendeur de tapis, pour sa part, vit en concubinage et en est fier. Mais ses parents... Pour ma part, je n'ai senti aucune froideur de la part des hommes turcs avec qui j'ai conversé, même à Konya. L'islamisme en Turquie semble donc, pour l'instant, bien modéré. Oui, le muezzin fait la "call" de la prière cinq fois par jour, mais lorsque nous sommes en train de discuter avec un Turc, il ne réagit pas plus que lorsque nous entendons sonner les cloches d'une église... Depuis Ataturk, l'Etat s'est retiré du financement des mosquées. Ce sont maintenant des gens ordinaires qui financent par leurs dons la construction de nouvelles mosquées qui sont, fait notable, beaucoup plus grandes et luxueuses que les précédentes. Ce n'est donc pas à sens unique vers la modernité: des gens riches prêchent le maintien des traditions, avec ses implications pour la préservation de l'ordre social: les femmes loin derrière les hommes...

Nous sortons de la boutique à la course pour visiter le musée des céramiques, qui présente de très belles mosaïques datant de l'époque seljoukide (13e siècle). Nous nous promenons ensuite dans la ville pour passer devant d'autres très belles medersa, comme l'Inse (voir photo). En allant voir les ruines de l'ancien palais seljoukide situé au centre d'un parc, nous croisons un Turc (économiste retraité) qui nous aborde en voyant nos appareils photos. Souhaitant parler anglais pour garder active sa connaissance de cette langue, il nous fait la conversation et nous fait visiter la mosquée d'Alaadin (et oui, comme la lampe, mais c'est un pacha seljoukide). Nous allons ensuite boire du thé en sa compagnie et jouer quelques parties de baggamon (orthographe?- pas de Robert ici). Il nous propose de nous amener ensuite chez un ami qui chante et joue un instrument turc traditionnel, sorte de guitare appelée saz. Il nous avertit toutefois que c'est un vendeur de tapis. Nous acceptons quand même et nous donnons rendez-vous un peu plus tard.

En attendant, je vais au café internet et Sebastien part se promener en ville. A 100 mètres du centre-ville, un homme se promène avec un âne et il essaie de le prendre en photo. Le paysan est en mouvement, ce n'est pas chose simple. Au troisième essai, des enfants se glissent entre le sujet principal et la caméra: ils veulent être immortalisés! Leur anglais est inexistant et la communication est difficile, mais un Irakien, qui a travaillé pour l'ONU, qui est refugié et qui passe par là, traduit pour eux. Pourquoi pas! se dit Sebastien en prenant des photos d'eux, puis en leur montrant le résultat sur le petit écran de son appareil, pour leur plus grande joie.

Nous allons ensuite retrouver le vieil homme et passons une autre heure chez un marchand de tapis... pour repartir avec un autre tapis! Ce sera suffisant... jusque dans l'Est où, sait-on jamais, nous succomberons encore peut-être à la tentation et aux prix!

Nous soupons finalement (très tard) dans un restaurant suggeré par notre guide d'un jour; un spécialité locale, le firin kebab, un gros morceau d'agneau cuit au four et fondant. Succulent! D'ailleurs, la cuisine turque est sans commune comparaison avec celle de l'Asie. Manger est un plaisir, même si les prix sont très aléatoires. Ainsi, un repas peut coûter 20 ou 4$, sans que l'on puisse savoir vraiment pourquoi. Un mot sur les déjeuners: toujours la même chose (youppi!): du succulent fromage (style feta, mais plus fruité, crémeux, et surtout moins salé), des olives, du pain, du miel, des oeufs cuits durs, des concombres et tomates qui goûtent le frais cueilli. Nous sommes loin des omelettes battues à l'huile dans le fond d'un wok!!!

Le lendemain, nous retournons au café internet pour télécharger quelques photos. Le proprio ne parle que deux ou trois mots d'anglais, mais toujours avec le phrase book, nous réussissons à nous faire orienter pour trouver un endroit où acheter un cable USB compatible. Même dans un café internet, on se fait offrir du thé!

Nous quittons Konya avec l'impression que nous aurions pu y passer plus d'une journée... mais il faut "battre la route"!

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